fbpx

Arthur Philippe, jeune escrimeur de 20 ans, est un des épéistes les plus prometteurs de sa génération. Champion de France et champion du monde junior l’an dernier, il désire désormais performer chez les séniors pour perpétuer l’excellence française en escrime.

Source: Photopavia (Instagram)

Salut Arthur, peux-tu nous présenter ton sport ?

L’escrime est composée de trois disciplines : la première, c’est celle que je pratique, l’épée. C’est la plus simple, les deux tireurs peuvent toucher simultanément et l’aire de touche comprend tout le corps. Ensuite, on a le fleuret, c’est par là que les jeunes escrimeurs commencent. L’aire de touche ne correspond qu’au tronc. Pour le sabre, on peut tout toucher tout ce qui se trouve au-dessus de la ceinture, à part les mains. Aussi, n’importe quelle partie de la lame compte, au contraire de l’épée et du fleuret, où les touches se font uniquement avec la pointe. C’est assez spectaculaire. Également, en sabre et en fleuret, il y a un système de priorité qui fait qu’il ne peut pas y avoir de « coup double ».  Celui qui attaque a la priorité pour la touche et il y a la possibilité de reprendre la priorité en parant l’attaque de l’adversaire. C’est assez complexe. Pour un débutant, il faut s’accrocher.

Comment se déroule un match d’escrime ?

Là encore, le format est différent en fonction de l’arme. Pour l’épée et le fleuret, le combat dure 3 fois 3 minutes. On a 3 tiers-temps pour inscrire 15 touches. Pour le sabre, comme ça va très vite, il n’y a pas besoin de limite de temps. Il y a une pause d’une minute dès que l’un des tireurs marque la huitième touche. Après, le premier à 15 touches l’emporte.

Pour les matchs par équipe, on parle de « relais à l’italienne ». Chaque rencontre comprend 9 assauts en 5 touches et la première équipe à atteindre 45 touches remporte la partie. Une équipe est composée de 3 tireurs et un remplaçant. Les 3 tireurs de chaque équipe rencontrent les 3 tireurs de l’autre équipe, d’où les 9 matchs.

Pourquoi t’es-tu orienté vers ce sport ? Et pourquoi avoir choisi l’épée plutôt qu’une autre arme ?

Dans la ville où j’ai grandi, à Saint-Gratien, dans le Val-d’Oise, il y a un partenariat entre la ville et le club d’escrime. Du coup, on faisait déjà des cours d’escrime à l’école, mais aussi au club. Également, mon père en faisait à un bon niveau (vice-champion du monde par équipe en 1998) donc ça a orienté ma décision. Par la suite, à 13-14 ans, j’ai participé à mes premières compétitions nationales. Je me plaisais bien, je retrouvais des amis en compétition, je trouvais ça amusant. Je me suis dit que j’allais continuer dans cette optique-là. Puis par la suite, j’ai commencé à avoir de très bons résultats. J’ai gagné en expérience, en maturité, en force : tous les éléments qui font que tu peux commencer à performer.

Pour ce qui est du choix de l’arme, c’est quelque chose qui est spécifique à chaque club. A St-Gratien, on privilégie l’épée mais toujours en débutant par le fleuret.

Qu’est-ce qui te plait le plus dans la pratique de ce sport ?

Ce qui me plait le plus dans la pratique de l’escrime, c’est tout d’abord la compétitivité mais aussi le plaisir que j’éprouve à retrouver mes amis en compétition. C’est un sport dans lequel je m’épanouis. De plus, je suis plutôt bon. Ce sont tous ces éléments qui font que je continue à en faire.

Peux-tu nous présenter ton palmarès ?

Il y a deux ans, j’ai obtenu une médaille de bronze en individuel et une autre en équipe aux Championnats d’Europe junior. Cette même année, j’ai fini 2e par équipe aux Championnats du monde junior et 3e aux Championnats de France. L’année dernière, en junior toujours, j’ai réalisé une 3e place aux Championnats d’Europe par équipe, j’ai été champion du monde en individuel, à Torun, en Pologne et on a fait une 3e place par équipe. Pour finir, j’ai remporté les Championnats de France junior en 2019.

Quel est le plus beau souvenir de ta carrière jusqu’à présent ?

Pour l’instant, ça reste ma victoire aux mondiaux, l’année dernière, en individuel. Mais on peut aussi parler de ma 3e place par équipe, pendant ces mêmes Championnats du monde. Il faut savoir qu’à la différence de ce qui se fait en individuel, dans les matchs par équipe, la 3e place se tire. Du coup, il y a deux troisièmes en individuel mais un seul pour les matchs par équipe. Pour la petite anecdote, en demi-finale, on avait perdu face aux Américains, à cause d’un léger problème logistique qui nous avait coûté le match, ça avait été une énorme déception. Après, on avait gagné la petite-finale, avec une victoire face aux Russes, d’une ou deux touches. Ça reste un super souvenir.

Source: Antifencer (Instagram)

Arthur Philippe lors de sa finale aux Championnats du monde juniors en 2019

As-tu un sportif qui t’inspire particulièrement ?

Je n’ai pas un sportif qui m’inspire particulièrement, j’essaye de regarder tous les sportifs, comment ils fonctionnent. Je tente de retirer le meilleur de chacun, voir ce qui peut marcher avec moi. Il y a certains éléments qui fonctionnent sur des sportifs en particulier mais qui ne collent pas forcément avec ma routine. Du coup, je m’inspire de ce qui pourrait m’aider à performer toujours plus.

Mènes-tu des études à côté de l’escrime ? Si oui, comment fais-tu pour allier les deux ?

Avec l’INSEP, on fait quelque chose qui s’appelle le Double projet sport et études. Comme l’escrime est toujours un sport amateur, il nous est fortement recommandé de faire des études. Pour ma part, ce que je fais, c’est un BTS en management des unités commerciales, qui pourra me permettre d’intégrer une école de commerce par la suite. Sinon, j’ai un emploi du temps allégé : le matin, j’ai cours de 8h à 11h. Avant de manger, j’ai un premier entrainement. Ensuite, je reprends les cours à 14h30 pour finir à 16h30. J’enchaine sur un autre entrainement, plus tard dans la journée. Je m’entraine tous les jours, entre 3 et 4h. Le week-end, par contre, je ne fais pas sport mais les compétitions sont souvent programmées en fin de semaine.

Après avoir répondu à ces questions sur ton sport, nous allons nous intéresser à ta gestion du confinement. En tant que sportif de haut niveau, le report des différentes compétitions, le manque de logistique t’obligent à revoir tes plans pour l’avenir. Donc, premièrement, quel est ton état d’esprit vis-à-vis de la situation actuelle ?

C’est très compliqué. Bien sûr, on est bousculé dans nos habitudes de sportifs car tous les clubs sont fermés. Mais au-delà du côté sportif, au niveau économique et social, c’est une situation très dure à gérer. Tout est à l’arrêt. Néanmoins, le confinement c’est essentiel pour limiter les cas et permettre une amélioration de la situation.

Qu’est-ce qui te manque le plus en cette période de confinement ?

L’interaction sociale. A l’INSEP et en dehors, je suis souvent avec des gens. Ça me manque de ne plus pouvoir sortir comme avant, de ne plus avoir autant de libertés. On en a encore mais c’est très restreint. On nous empêche de faire beaucoup de choses, de façon logique, pour éviter d’empirer la situation.

Qu’est-ce que tu apprécies le plus dans le confinement ?

On n’est plus obnubilé par le sport, on en fait moins. Par conséquent, ça permet de modifier nos centres d’intérêt. On peut réaliser des choses qu’on ne prend pas forcément le temps de faire en temps normal. Par exemple, lire des livres, regarder des séries et des films dont tout le monde parle et pleins d’autres choses auxquelles on a du mal à consacrer du temps habituellement.

As-tu des contacts avec ton club ? (Ton entraîneur, des coéquipiers)

Juste avant cette interview, je venais de recevoir un appel de mon coach, qui voulait savoir comment se passait  mon confinement. Sinon, d’une manière générale, pour ce qui est de mon club, je n’ai pas trop de nouvelles car tout est à l’arrêt, il n’y a plus d’activités.

Que fais-tu pour te maintenir en forme physiquement pendant cette période ?

J’essaye de me maintenir en forme mais ça reste assez compliqué. Je n’ai plus tellement le rythme d’un athlète. Je me couche et me réveille plus tard. Mais, je fais de l’exercice pour garder un minimum de condition physique. J’ai ramené des haltères, un tapis de course et une corde à sauter de l’INSEP. J’essaye, avec ce que j’ai, de faire des séances convenables, en m’adaptant aux contraintes du moment, notamment pour ce qui est du footing. Aussi, on a un programme d’entrainement fourni par notre coach mais je ne le suis pas à la lettre. J’essaye de faire ce dont j’ai envie. Je varie les exercices : des séances pour travailler le haut du corps, d’autres pour travailler le bas du corps, du stretching. Mais je ne me focalise pas là-dessus. J’en fais 2-3 fois par semaine.

Quels seront tes objectifs pour ton retour à la compétition ? (À court et long terme)

Cette année, c’était assez compliqué car c’était ma première année chez les séniors. Il m’a fallu un temps d’adaptation. Néanmoins, à court terme, je voudrais consolider ma place dans le collectif sénior qui va en Coupe du monde, en compétitions internationales. Je suis fléché pour aller aux Jeux Olympiques 2024 mais il faut tout d’abord que je renforce ma place dans ce collectif. J’espère, pourquoi pas, embêter les gars qui vont aller aux Jeux, à Tokyo, voire même, essayer de prendre une place même si ça sera très difficile, ce serait génial. Pour le long terme, c’est d’atteindre les Jeux Olympiques 2024, et de pouvoir monter sur le podium, devant toute la France, à Paris.

Comment vis-tu le report ou les annulations des différentes évènements sportifs ?

C’est un peu rageant parce que tu t’entraines toute l’année pour ces compétitions. Mais après, c’est un mal pour un bien car ça évite de faire circuler le virus, de prendre des risques inconsidérés. Il y avait déjà eu un problème avec des athlètes coréens qui avaient été testés positifs au virus et qui avaient infecté des entraineurs français. Ne pas annuler ces compétitions, ça aurait encore été un risque de propager le virus et de mettre en danger les différents athlètes. Également, pour ma part, ça me laisse une nouvelle année pour m’entrainer davantage et essayer de me qualifier pour les Jeux à Tokyo, en 2021.

Quelle est la première chose que tu feras après le confinement ?

Aller faire la fête. Ça se prolonge mais j’espère qu’on pourra sortir librement d’ici cet été. Ça fait plus d’un mois qu’on est confiné et ça commence à se faire ressentir.

Pourquoi avoir décidé de rejoindre Futur Sport ? Quelles sont tes attentes ?

Le projet me paraissait cohérent. Pour nous, les sportifs amateurs, ça permet de donner davantage de visibilité. J’ai bien aimé la proposition et je me suis dit pourquoi pas. C’est donnant-donnant, on donne de la visibilité à l’association et vous nous en donnez en retour. Aussi, il y a toujours la possibilité d’obtenir des sponsors grâce à Futur Sport et aux collaborateurs. C’est deux éléments qui peuvent être sympas dans cette aventure entre Futur Sport et moi.

On remercie Arthur Philippe d’avoir répondu à nos questions. Bien qu’il soit programmé pour performer aux Jeux Olympiques de Paris en 2024, il ne serait pas étonnant de voir ce jeune épéiste en haut de l’affiche bien avant, tant son passé en junior est prometteur. De ce fait, il est un sportif dont il faudra suivre la progression à l’avenir. Une progression qui, si elle se confirme, pourrait faire de lui un des nouveaux pourvoyeurs de médailles pour le clan tricolore.

 

 

Catégories : Nos Articles