À 19 ans, Célia Terki a de quoi rêver grand. Après 6 mois d’arrêt, du fait de la pandémie et de la perte d’un proche, la jeune athlète est revenue plus forte que jamais lors des Championnats de France d’athlétisme handisport outdoor début octobre, en battant son record en saut en longueur et en réalisant une course à 1 seconde de sa meilleure performance sur 400 m.
L’athlétisme, bien plus qu’un sport, une force
Célia Terki a rapidement baigné dans le monde du sport. Et elle peut, pour cela, remercier l’école spécialisée pour les déficiences visuelles dans laquelle elle se trouvait plus jeune. C’est en effet au sein de ce centre qu’elle a pu s’essayer à de nombreuses pratiques, comme l’escalade ou la natation. Mais la jeune sportive ne parvenait pas à s’épanouir à 100% dans ces deux activités, ses tuteurs l’ont donc poussée à essayer l’athlétisme. “Les premiers sports que j’ai pratiqué ne me mettaient pas KO, or j’avais besoin de ça. Si je n’avais jamais envisagé d’essayer l’athlétisme, c’est parce que je ne pensais pas pouvoir courir en étant malvoyante”, confie-t-elle.
Mais la jeune femme se trompait. Aujourd’hui, avec le recul, elle se rend compte que l’athlétisme lui a même permis d’accepter son handicap. “Ce sport est maintenant une force. Il m’a aidée à croire en moi, alors que de nombreuses personnes disaient que je ne pouvais rien faire”, explique-t-elle. Forte du caractère de battante qu’elle s’est forgée au fil du temps, elle a aujourd’hui pleinement confiance en elle et se révèle petit à petit sur trois disciplines, le 200 m, le 400 m et le saut en longueur.
Un changement de vie à Bordeaux
Malgré les apparences, sa rencontre avec l’athlétisme a été relativement tardive. Elle s’est en effet inscrite dans un club pour la première fois en 2015. Mais ses bonnes capacités physiques lui ont permis deux ans plus tard de faire son entrée au Pôle France Relève Handisport de Bordeaux. Lors d’un stage national à Bourges, la jeune sportive fut en effet détectée par Jean-Baptiste Souche, entraîneur du centre fédéral bordelais, devenu son entraîneur depuis.
Originaire de Lyon, elle s’entraîne aujourd’hui à l’UF Talence. En parallèle, elle suit des études d’agent immobilier dans un centre pour déficients visuels. “Je parviens plutôt bien à gérer études et pratique sportive de haut niveau. Il suffit de bien s’organiser, de bien manger et dormir”, confie la jeune femme, qui passera son bac à la fin de l’année.
Nouvelle vie bordelaise qui lui convient bien car depuis son intégration au Pôle France relève en 2017, Célia Terki ne fait que monter en puissance. En 2018, elle fut vice-championne de France du 200 et 400 m. L’année d’après, elle signe ses premiers podiums aux Jeux européens de la jeunesse en Finlande, où elle remporte la médaille d’argent sur le 100 m et en saut en longueur. “Cette compétition est de loin le plus beau souvenir de ma jeune carrière : c’était ma première participation à une compétition internationale, et j’ai réussi à m’y transcender.”
Des résultats très encourageants pour le futur
2020 a par la suite été une année sans. Mais ses récentes performances lors des Championnats de France outdoor à Marseille, malgré un arrêt de 6 mois, sont de très bon augure pour le futur. “Je suis plutôt contente de mes résultats. Je n’avais repris les entraînements que début septembre et c’était ma première compétition depuis un long moment. J’ai sauté 4,66 m en longueur, mon record, réalisé un 400 m à une seconde de ma meilleure performance, et fait une bonne course niveau technique sur le 200 m, malgré un vent important”, se satisfait-elle.
Ces bons résultats l’aident alors à voir plus loin et plus grand. “J’ai traversé une période vraiment difficile récemment. Mais la reprise des compétitions m’a remise dedans. Aujourd’hui, je me concentre sur deux prochaines échéances qui me tiennent à coeur : les Europes élites qui auront lieu en 2021, en Pologne et à plus long terme, les Jeux Olympiques de 2024, à la maison”, confie-t-elle. Entre temps, Célia Terki aura l’opportunité de se jauger sur les compétitions indoor, événements de la saison hivernale.
La jeune athlète, en plus de rêver de 2024, a les yeux qui brillent en pensant aux palmarès d’Assia El Hannouni, athlète française également atteinte d’une déficience visuelle et championne du monde du 200 et du 400 m. Mais qui sait, Célia Terki égalera peut-être un jour son palmarès. Voire le dépassera. Car comme elle l’a montré, rien n’est jamais impossible…
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