Entretien avec Charles Noakes, athlète de haut niveau en parabadminton. Il a récemment rejoint Futur Sport, l’association qui assure la promotion de la jeunesse et du sport
Charles Noakes, 22 ans, est un joueur professionnel de parabadminton à la tête bien faite. Il a en effet décidé de finir ses études (Isefac Bachelor en sport, événement et management à Nantes), gage de sécurité, avant de s’impliquer pleinement dans le parabadminton. C’est avant tout un passionné de sport, un vrai touche-à-tout qui a pratiqué le football, mais aussi le tennis, la natation ou encore le judo. En 2017, il s’essaye au badminton. Rapidement, son entraîneur lui propose le parabadminton, discipline dans laquelle il s’épanouit désormais à très haut niveau. Charles Noakes intègre la catégorie petite taille, SH6.
Compétiteur, habitué des matchs en club, le sport est pour cet athlète avant tout un plaisir. Un an après ses débuts dans le parabadminton, il participe aux championnats de France en 2018. Une émotion toute particulière lors de cette première grande compétition, une atmosphère nouvelle à apprivoiser et… une médaille d’argent en simple ! Ces championnats sont un déclic. Après l’obtention de son Bachelor en juillet dernier et en concertation avec son entraîneur, Charles Noakes se lance dans une carrière professionnelle de parabadminton.
Ascension vers le sommet de l’Olympe :
En août 2019, avec un appétit grandissant de gravir les sommets, il rejoint le Pôle Espoir de Badminton du CREPS Pays de la Loire. « On a 2 entraîneurs à notre disposition, et les méthodes de travail, ne sont pas du tout les mêmes. Je m’entraîne tous les jours, 4 à 6 heures par jour. ». L’évolution et la professionnalisation des méthodes de travail sont essentielles. Au CREPS, un préparateur mental, une diététicienne mais aussi un préparateur physique l’accompagnent dans sa progression. En septembre 2019, il commence sa carrière internationale en participant à l’Open de Thaïlande. Il y obtient une magnifique médaille de bronze en double avec son compère Fabien Morat. Dès lors, les grandes compétitions s’enchaînent à travers le monde : Danemark, Brésil et Pérou. Le jeune Français prend de l’expérience et des repères au plus haut niveau, titillant les meilleurs mondiaux sans pour autant réussir à les battre. A l’Open du Danemark, il franchit un nouveau palier avec une première qualification pour les huitièmes de finale d’une compétition internationale. Consécration en janvier dernier, à Saintes, il devient champion de France, confirmant ainsi son niveau et ses objectifs. Charles Noakes fait partie du collectif France et s’il confirme ses très bons résultats, il intégrera prochainement l’équipe de France.
Sans véritablement connaître ses limites, ses ambitions sont claires. A court terme, il vise une médaille pour son retour à la compétition, en octobre lors des championnats d’Europe. A moyen terme il souhaite rattraper son retard en simple et intégrer le top 5 mondial. Et enfin, une fois toutes ces étapes surmontées, il souhaite gravir l’Olympe, et entonner la Marseillaise en France, lors des jeux Paralympiques 2024. Charles Noakes ne pourra malheureusement pas représenter son pays à Tokyo en 2021, la qualification paralympique étant déjà passée.
Une médaille d’or pour valoriser le handisport :
La France est en retard vis-à-vis du handicap, et notamment du handisport. Un manque de visibilité, de médiatisation et d’éducation chez les jeunes. Le paralympique reste dans l’ombre puisque de nombreux médias évoquent le report des Jeux Olympiques sans parler de celui des Jeux Paralympiques. Charles Noakes explique que les pays asiatiques sont bien plus avancés en termes de développement et de médiatisation. Là-bas, les athlètes handisports professionnels peuvent souvent vivre de leur passion. Chose quasi impossible en France.
Le parabadminton devient sport paralympique à partir de Tokyo 2021, ce qui permettra une meilleure médiatisation de ce sport. Il n’y a pas de Cash Price en parabadminton à la différence du badminton. Charles Noakes a aujourd’hui le sentiment que le handisport commence, étape par étape, à prendre de l’ampleur et de la reconnaissance. Il a aussi l’impression que Brigitte Macron, en sa qualité de « première dame », s’investit pour le handicap. En effet, dans la charte de la transparence relative au statut du conjoint du chef de l’État il est stipulé qu’« elle est amenée à soutenir les initiatives publiques ou privées qui permettent à la société française d’être plus inclusive face aux différences. » notamment face au handicap. Le sport est un beau moyen de se dépasser, de fédérer et de passer par- delà les différences.
La vie d’un athlète en confinement
Aujourd’hui le monde du sport est à l’arrêt, confinement oblige. L’athlète explique que malgré une certaine frustration, cela lui a permis de relativiser. Il reste concentré sur les prochaines échéances et travaille son physique. « Le sport à la maison n’est pas une vraie contrainte » explique-t-il. Il travaille à corriger son principal défaut : tenir une intensité maximale tout au long d’un match. Il se fait un planning rythmant sa journée. Le matin, le sportif fait une séance musculaire et le soir un footing d’une heure (pas plus !) pour se libérer l’esprit. Tous les deux jours, à l’occasion d’une séance Skype avec le pôle espoir, les exercices physiques s’enchaînent pendant deux heures. Charles Noakes est confiné en famille, chez ses parents du côté de Nantes. Ses autres occupations consistent à cuisiner, jouer aux cartes ou à promener son chien. Aujourd’hui, il attend avec impatience de pouvoir s’entraîner à nouveau, de taper le volant et de revoir ses amis.
Charles Noakes est un battant, un passionné de sport, bien entouré et soutenu par ses proches et son club. Il a créé une page Facebook Vis ma vie Bad qui permet de suivre ses performances, ses défis et de le voir évoluer au plus haut niveau. Il a aussi créé son site internet dans lequel il expose sa discipline, ses performances et son projet dans l’espoir de séduire des sponsors et de pouvoir vivre pleinement du parabadminton.