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Futur Sport est allé à la rencontre de Jean-Pierre Limborg, élu chargé du tennis-fauteuil à la Fédération française de Tennis, pour vous présenter la discipline. Focus sur le tennis-fauteuil, qui continue à se structurer en France, avec en ligne de mire les grandes échéances internationales. Regroupant deux pratiques (le tennis-fauteuil et le tennis sourds et malentendants), le paratennis a intégré la FFT début 2017.

Pouvez-vous me présenter en quelques mots l’histoire du tennis-fauteuil ?

Il se trouve que j’ai un rôle à jouer dans cette histoire ! En 1981, je suis en Californie, aux Etats-Unis pour acheter le premier fauteuil roulant en aluminium et j’ai appris par hasard que les américains jouaient au tennis-fauteuil. Je n’en croyais pas mes oreilles. Je suis allé à Las Vegas, là où se déroulait le tournoi. Ils m’ont fait jouer tout de suite, alors que je n’avais jamais joué avant, en me donnant une raquette. Je suis tombé dedans directement. Alors pendant quatre mois, j’ai pris des cours, fait des tournois puis je suis rentré en France en Novembre 1981.

En rentrant, je voulais importer ce sport en France. J’ai créé le premier club à Antony, dans le 92, avec Pierre Fusade, ancien professeur de tennis. Puis nous avons rejoint la fédération handisport en 1982. C’est la naissance officielle du tennis-fauteuil sur le sol français.

Après toutes ces années, en 2017, j’étais sur la liste du président actuel de la FFT, Bernard Giudicelli et en février 2017, le ministère a donné son accord pour que le tennis-fauteuil passe sous la délégation de la Fédération française de Tennis. Une victoire pour nous. 

Quelle est la différence entre le tennis-fauteuil et le paratennis ?

« Paratennis » est un terme du ministère. C’est le nom de la délégation, car ils ont transféré en 2017 à la FFT le tennis-fauteuil mais aussi le tennis pour les sourds et malentendants. Le tennis sourd n’est pas une autre discipline, simplement, il est pratiqué par les gens qui ont un handicap auditif. Pour les compétitions, nous avons près de 40 tournois en France de tennis-fauteuil, en double et en individuel. Quand on parle de la discipline, c’est communément le tennis-fauteuil que l’on évoque, celle qui est présente dans les compétitions internationales.

Quelles sont les règles spécifiques au tennis-fauteuil ?

Le tennis-fauteuil n’a que deux seules règles différentes du tennis valide, inventées par les américains en 1979, rendant possible cette pratique.

La seule différence, c’est que l’on a le droit à deux rebonds, le deuxième rebond pouvant se trouver hors du court. Sinon, tout le reste est pareil. On joue sur des terrains normaux, les raquettes sont les mêmes, la manière de compter les points également. Nos fauteuils sont de plus en plus évolués et très légers, avec des roues très inclinées pour pouvoir pivoter rapidement. Ils disposent toujours d’une petite roulette à l’arrière pour ne pas basculer quand on sert ou quand on smashe.

EN VIDEO. La Leçon de Tennis-Fauteuil

Quelles aptitudes à avoir pour jouer au tennis-fauteuil ?

Il faut déjà avoir toutes les qualités d’un joueur de tennis classique. Les joueurs de tennis qui se retrouvent en fauteuil roulant sont d’ailleurs souvent très bons en tennis-fauteuil, car ils ont la technique. La qualité numéro un est d’abord le maniement du fauteuil et le déplacement. Ensuite, le tennis est un sport mental, alors je dirais le mental et l’endurance. On n’a jamais de cinq sets chez nous, les matchs se jouent en trois sets gagnants, et il ne faut jamais lâcher.

Combien de divisions dans le tennis-fauteuil ?

Il y a une particularité dans le tennis-fauteuil. Contrairement à de nombreux handisports dans lesquels il y a beaucoup de divisions (10 en tennis de table par exemple), en tennis-fauteuil, nous en avons seulement deux catégories : les personnes qui ont un handicap physique sur les membres inférieurs (paraplégiques, amputés d’une ou deux jambes…) sont dans la catégorie principale, les personnes atteintes également des membres supérieurs (tétraplégiques, amputés d’une main ou d’un bras) sont dans la catégorie Quad.

Jean-Pierre Limborg à l’Ile de Ré lors de l’Open 2012.

Tennis-fauteuil et tennis valide partagent des compétitions, comment cela se passe-t-il ?

Pendant les 30 premières années, le circuit tennis-fauteuil a été conçu séparé du circuit du tennis valide. Nous avons un peu plus de 30 tournois en France, dont 12 sont internationaux.

Dans les grands chelems, les huit meilleurs joueurs et joueuses mondiaux de tennis-fauteuil sont invités à jouer dans un tableau restreint Wheelchair tennis. L’International Tennis Federation voudrait que cela se démocratise, faire plus jouer les joueurs de tennis-fauteuil dans les grands tournois internationaux. C’est incroyable de pouvoir voyager dans le monde entier pour des tournois de tennis-fauteuil, et de pouvoir rencontrer des joueurs et joueuses du monde entier.

Pouvez-vous me citer un événement qui vous a particulièrement marqué dans l’histoire de ce sport, en France ou à l’International ?

Alors, je dirais d’abord le passage de la Fédération Française Handisport à la FFT. C’était un profond bouleversement et un fort symbole d’intégration, un événement marquant dans l’histoire du tennis-fauteuil. Sinon, l’arrivée du tennis-fauteuil dans le grand chelem de Roland Garros, mais également le magnifique tournoi de l’Open de France, que nous avons créé en 1986, et qui a malheureusement pris fin après 35 années ! C’était l’un des 6 plus grands tournois au monde, dans le parc de Sceaux à Antony. Nous allons faire appel à candidature pour que ce Super Série se joue ailleurs en France.

Mais ce qui me fascine dans ce sport, ce sont les joueurs qui retrouvent le sourire quelques mois seulement après un très grave accident. Ce sport transforme la vie comme une baguette magique !

Limborg & Ed en 2012

Quels sont vos prochains objectifs de développement du tennis-fauteuil ?

Ces trois premières années ont été intenses à la FFT, car nous avons tout implanté, dans les ligues, les 8 000 clubs et les comités départementaux. Nous terminons un tour de France des Ligues avec Patrick Labazuy, en charge de toutes les équipes de France (élite et espoir), et Bénédicte Fravalo en charge des compétitions et du développement. Désormais, nous essayons de préparer les meilleures équipes de France possibles pour Paris 2024, et de doubler le nombre de joueurs. Nous avons lancé des « tournois multi-chances » dans les clubs, de 8 à 12 joueurs, avec des matchs très courts, réservés aux débutants, pour faire jouer tout le monde. L’ambiance dans le tennis-fauteuil est exceptionnelle, c’est ça que nous essayons de conserver et de promouvoir.

Pour 2024, des chances de victoires françaises ? 

Pour un joueur talentueux et travailleur, il faut au moins 8 ans avant d’atteindre le haut niveau.

Guilhem Laget, Geoffrey Jasiak, Gaëtan Menguy et Nicolas Charrier sont quatre joueurs prometteurs, Emmanuelle Mörch, Charlotte Fairbank et Pauline Déroulède, trois joueuses au fort potentiel que nous suivrons attentivement. Aujourd’hui entre les 30 et 50 mondiaux, il faudra être dans le top 44 chez les hommes et top 22 chez les femmes pour se qualifier pour les Jeux Paralympiques. Il leur faut encore quelques années avant de rentrer dans cette élite. Il est donc un peu tôt pour connaitre les chances réelles de victoire.

Jusqu’à quel âge peut-on jouer au tennis-fauteuil ?

Finalement, en tennis-fauteuil, on joue beaucoup plus longtemps qu’en tennis valide. Le record est détenu par un autrichien, qui à 53 ans jouait encore en haut niveau. C’est l’entrainement et l’hygiène de vie qui est importante.

Comment trouver un club de tennis-fauteuil en France ?

Nous avons un site dédié, www.paratennis.fr, sur lequel vous pourrez trouver tous les renseignements, les règlements, les clubs, les tournois et les classements du monde du tennis-fauteuil français.

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