Pierre Lechat, athlète normand de 21 ans, a accepté de répondre à nos questions. A la veille des Championnats de France d’athlétisme, qui se déroulent à Albi ce week-end, il nous décrit son parcours atypique dans le monde de l’athlétisme et nous fais part de ses ambitions pour l’avenir.
Source: Simon Descamps
Bonjour Pierre, est-ce que tu peux te présenter ?
Je m’appelle Pierre Lechat, j’ai 21 ans et je suis athlète spécialisé dans le 800m. Je vais entrer en M1 à Sciences Po Lille. Je suis originaire de Normandie et toujours licencié dans le club de ma ville (L’Aigle), l’APPAM61 mais je m’entraîne à Villeneuve d’Ascq sous les ordres de mon coach Olivier Rock.
Comment en es-tu venu à faire de l’athlétisme et plus spécifiquement du demi-fond ?
J’ai commencé un peu par hasard, sur le tard. Avant j’ai fait du tennis pendant longtemps. En parallèle j’aimais bien courir. Puis, je me suis mis à faire des courses sur route, pas loin de chez moi et j’avais de bons résultats. Donc à la rentrée de Terminale, je me suis dit pourquoi pas essayer l’athlétisme en club. Au départ, c’était dans l’idée de faire plutôt du demi-fond, surtout des cross, voire du 1500m.
J’ai eu beaucoup de chance parce que je suis tombé sur un super coach (Régis Desplatz), dès le début. Il m’a tout de suite orienté vers le 800m et au bout de 6 mois d’athlé, j’ai fait mes premiers Championnats de France en cadet. A la base, j’étais plutôt parti pour faire de l’athlé loisir et je me suis retrouvé aux France. Ce début canon m’a vraiment donné envie de continuer l’athlétisme à fond. Surtout que je suis un grand compétiteur.
Peux-tu nous présenter ton palmarès, tes records personnels ?
Sur ma première année d’athlé, j’ai porté mon record sur 800m à 1’55’’59. Ensuite, sur les deux saisons qui ont suivi j’ai eu un peu de mal à confirmer, notamment car mon cadre de vie a grandement évolué. En intégrant Sciences Po Lille, en 2017, j’ai rejoint le groupe d’entraînement d’Olivier Rock au Villeneuve d’Ascq Fretin Athlétisme et découvert une méthode d’entraînement plus lourde. Je suis passé de 4-5 séances par semaine à 6-7 avec également plus de volume à l’entrainement. J’ai mis un peu de temps à m’adapter et du coup, c’est plutôt venu sur ma deuxième saison à Lille (2018-2019).
Durant cette saison, j’ai explosé tous mes records. J’ai fait un super hiver en me qualifiant aux Championnats de France en salle et cross. L’été, j’ai porté mon record au 800 sous les 1’50 (1’49’’53), soit 5 secondes de moins que mon précédent record, qui datait de 2017. Et puis cerise sur le gâteau, je fais médaille de bronze aux France espoir et je participe à mes premiers Elites où je me retrouve d’ailleurs dans la série de PAB (Pierre-Ambroise Bosse). Ces bonnes performances m’ont vraiment poussé à travailler encore plus dur pour continuer à progresser et atteindre vraiment le haut niveau à court, moyen voire long terme.
Comment fais-tu pour allier les 2, l’athlétisme et tes études à Sciences Po Lille ?
Au début ça a été compliqué, ma première année à Sciences po, je n’ai pas trop réussi à faire les deux. Mais c’est venu avec le temps. L’an dernier j’étais vraiment très organisé, ce qui m’a permis d’avoir d’assez bons résultats scolaire, tout en m’entraînant. Pour l’instant, j’y arrive et j’espère pouvoir continuer ainsi. J’ai de la chance d’avoir une administration qui comprend ma situation à Sciences po Lille, même si ce n’est pas parfait, à l’image du sport de haut-niveau en France.
Quel est ton meilleur souvenir sur la piste jusqu’à présent ?
Mon meilleur souvenir sur la piste, sans hésiter, c’est ma médaille aux Championnats de France l’an dernier. Ça a toujours été mon rêve d’être sur un podium aux France. C’était vraiment un super moment, en plus partagé avec mon entourage.
As-tu une ou des personnes qui t’inspirent particulièrement ?
Je suis passionné de sport et il y a de nombreux sportifs pros que j’admire et qui me font rêver. Néanmoins, je puise plutôt mon aspiration dans des personnes que je côtoie au quotidien. Deux me viennent en tête. Le premier est mon partenaire d’entraînement Hugo Houyez. Il fait partie des 4 ou 5 meilleurs français sur 800, donc j’apprends beaucoup à son contact sur le haut niveau. Le second est un athlète de mon club en Normandie, Guillaume Fleuter. C’est un athlète spécialiste du saut en longueur qui n’a pas un talent inné au départ mais qui s’est beaucoup entraîné, souvent seul, pour atteindre régulièrement les Championnats de France. Il montre que tout est possible, qu’il ne faut jamais rien lâcher.

Pierre Lechat (dossard n°5), Hugo Houyez (troisième coureur en partant de la droite), et Arthur Gervais (dossard n°6 et autre camarade d’entraînement de Pierre).
On va parler actualité, comment as-tu vécu cette saison 2020 un peu particulière ?
Alors la particularité en plus, c’est que j’étais sur ma 3e année à Sciences Po, année de départ à l’étranger. J’ai fait le choix fort, en accord avec l’administration, de ne partir qu’une demi-année, pour rejoindre mon groupe d’entraînement dès janvier et préparer au mieux la saison estivale 2020. Du coup, j’ai eu une saison hivernale assez tronquée parce que je me suis entraîné tout seul. Et en mars quand je recommençais à retrouver des sensations dans mon groupe d’entraînement à Lille, il y a encore eu ce confinement pour bouleverser mes plans. C’était une période compliquée mentalement mais je me suis accroché et j’ai quand même réussi à faire ma saison.
Quels sont tes objectifs à court et long terme ?
A très court terme, il y a les élites ce week-end donc même si je sens que je ne suis pas dans ma meilleure forme, j’y crois et je vais essayer de faire la meilleure place possible à la fois en Espoir et en Elite. Néanmoins, mes objectifs je les compte surtout sur l’an prochain parce que c’est ma dernière année dans la catégorie Espoir donc j’aimerais bien être champion de France Espoir. En plus, c’est chez moi en Normandie donc pour le symbole ce serait sympa. A plus long terme, l’objectif ultime est d’atteindre l’équipe de France un jour.
Retour à l’entrainement tout de suite après ?
Non repos, là je sens que le corps commence à bien tirer parce que mine de rien, ça fait quand même un peu plus d’un an que je m’entraine non-stop avec une semaine de repos par ci, par là. Donc après les Elites, c’est pause de 3-4 semaines puis après on va reprendre tranquillement mi-octobre pour déjà se préparer pour 2021.