Coup de projecteur sur Yasser Musanganya, nouvel athlète conventionné Futur Sport. Retour sur sa jeune carrière, à la trajectoire ascendante et mise en lumière de ses objectifs futurs.
Des débuts compliqués en athlétisme
Yasser Musanganya est un jeune athlète de 18 ans, d’origine rwandaise dont l’avenir s’annonce radieux. Double amputé fémoral de naissance, c’est en 2015, aux Jeux Nationaux de l’Avenir Handisport, qu’il réalise ses premiers tours de piste. Cependant, au départ, c’est bien le basket fauteuil qui intéresse davantage Yasser. En athlétisme, les sensations ressenties ne sont pas optimales et les résultats plutôt poussifs. L’absence de club de basket fauteuil à Tours, cumulée à sa rencontre avec Gwénaël Lanne-Petit, son coach encore à l’heure actuelle font finalement pencher la balance du côté de l’athlétisme. Des débuts à contre-cœur, mais une décision qui s’avérera vite être concluante.
Pourtant, initialement, quelques difficultés empêchent Yasser de s’épanouir pleinement dans son nouveau sport. Il commence par l’athlétisme en prothèses. Or, cette pratique demande un travail musculaire très important, notamment au niveau des quadriceps, travail jusque-là trop délaissé par Yasser. Ce manque de puissance du bas du corps limite ses capacités. Il décide donc de privilégier le fauteuil, où de meilleures sensations lui permettront de viser plus haut.
« J’ai commencé par l’athlétisme en prothèses mais je sentais que j’étais assez limité. Dés que je suis passé en fauteuil, les sensations étaient directement bien meilleures. »
A partir de 2016, Yasser prend conscience de ses qualités intrinsèques lors de son premier HOP (Handisport Open Paris), à Charléty. Ces premiers grands résultats internationaux lui laissent présager de belles choses pour l’avenir. Il commence à prendre à goût à l’athlétisme et ses objectifs grandissent. Yasser possède également un mental à toute épreuve. Ses parents constituent sa source d’inspiration principale. Les valeurs qui lui ont été inculquées ont une part très importante dans l’homme qu’il est aujourd’hui : un battant qui ne lâche jamais rien avec une mentalité de vainqueur, notamment transmise par son père, ancien membre de l’équipe nationale de volley du Rwanda.
Source: Jean-André Boutier
Une ascension à la vitesse grand v
A partir de 2019, rien ne semble plus en mesure de résister à Yasser Musanganya. Son premier fait d’arme a lieu à Nantes, où il devient triple Champion de France junior sur 100, 400 et 800m. En Finlande, aux Jeux Européens de la Jeunesse, il réitère ce même exploit en raflant la mise sur 100, 400 et 800m. Mais l’ascension ne s’arrête pas là. En août dernier, du côté de Nottwil, en Suisse, il s’octroie le titre mondial sur 200m, aux Championnats du monde U20. Le titre le plus important de sa carrière jusque-là et le plus beau selon ses dires. A l’aube de cette course, après deux médailles de bronze obtenues sur 100 et 400m, Yasser Musanganya est un outsider qui a une carte à jouer. Finalement, quelques secondes plus tard, c’est bien lui qui franchit en premier la ligne d’arrivée, pour 11 centièmes de secondes… La rage de vaincre de Yasser lui aura encore permis de se dépasser pour monter sur la plus haute marche du podium.
« Les Championnats du monde c’était incroyable ! J’étais outsider et la course s’est jouée à rien. J’avais vraiment les crocs, je ne pouvais pas repartir sans cette médaille d’or ! »
Parallèlement à ses exploits en sprint, il a pu réaliser sa première course sur 10km, à Tours, l’an dernier : une expérience très convaincante, en termes de résultats et de sensations, avec une deuxième place à la clé.
« J’ai adoré parce qu’on est très rapides sur la route, nous, les fauteuils. Puis il y a de quoi être fier. Les longues distances, ce n’étaient pas trop mon fort, on ne s’étaient pas préparés pour faire 10km. »
Bien que ces longues distances ne soient pas ses disciplines de prédilection, il envisage déjà d’autres participations sur 10 voire, 20km à l’instar de son camarade de club, Paul Singer. Néanmoins, pour l’instant, ces courses restent un complément pour se faire plaisir. Mais, l’athlétisme fauteuil est un sport à maturité tardive, c’est par la pratique que passera le salut de Yasser. Il est donc envisageable de le voir sur des plus longues distances à l’avenir. Qui sait ?
Des ambitions affirmées
Désormais, rien ne semble inatteignable pour lui. Il rêve même déjà des Jeux Olympiques de Tokyo, à tout juste 18 ans. L’an prochain, il pourrait bien s’envoler pour le pays du soleil levant, pour participer aux relais avec l’Equipe de France A. Ce serait alors sa première sélection chez les grands. Une consécration pour lui.
En attendant cette hypothétique participation, il espère continuer sur cette lancée pour performer dans les catégories séniores. Une progression qui, si elle se confirme devrait le mener vers les Jeux Olympiques de Paris, en 2024. Un objectif qui fait pour l’instant office de rêve mais qui alimente, au quotidien, cette envie de progresser, de se surpasser, pour devenir le meilleur.
Pour le moment, Yasser se languit de retrouver les pistes d’athlétisme avec ses collègues du pôle espoir de Saint-Cyr. Son retour à la compétition est prévu le 26 septembre prochain. On a hâte de le revoir en action.