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Il y a cinq mois, l’hypothèse d’un Roland-Garros en septembre paraissait presque irréelle. Nous y sommes. Et à bien des égards, cette 119e édition du Grand Chelem parisien s’annonce inédite.

RolandGarros court Philippe-Chatrier

Le sport a tenu bon. Malmené par les assauts répétés de l’insatiable Covid-19, il a battu en retraite, il a plié, mais n’a pas rompu. Avec ou sans spectateur, la compétition est de retour. Un soulagement, une victoire, une rédemption pour les amoureux de la petite balle jaune, et surtout, pour tous les membres de la Fédération Française de Tennis, qui avaient, en avril dernier, tenté un drôle de pari en annonçant le report du Grand Chelem parisien. Nous y sommes. Il aura fallu patienter longtemps, rongé par l’angoisse d’une potentielle seconde vague, par les incertitudes liées aux conditions sanitaires. L’ultime confirmation est finalement venue des Etats-Unis, dans la nuit de dimanche à lundi, lorsque s’achevait l’US Open, avec le premier sacre en Grand Chelem de Dominic Thiem, et le troisième de Naomi Osaka.

Et pourtant ! Pourtant, cette 119ème édition de Roland-Garros sera bel est bien inédite, historique, sans doute inoubliable. La Covid (puisqu’il faut désormais l’appeler ainsi) ne s’est pas avouée vaincue, et les conditions sanitaires Porte d’Auteuil seront plus que strictes. Port du masque obligatoire dans le stade, et sur les courts pour les ramasseurs de balles et juges de lignes ; divisions du stade en plusieurs zones distinctes, et bien sûr, nombre de spectateurs très limité (jauge abaissée à 1000 personnes). Et même si on a tendance à l’oublier, l’aménagement du toit sur le court Philippe-Chatrier et de l’éclairage sur la quasi-totalité des courts seront également de la partie. Vous l’aurez compris, rien est laissé au hasard. Ce Roland-là, personne ne le connait bien. Mais les coupes, en fin de compte, restent les mêmes, et les prétendants sont toujours aussi nombreux.

Chez les hommes en tout cas, difficile de ne pas dégager trois grandissimes favoris pour la victoire finale. Respectivement trois premiers du classement ATP, Novak Djokovic, Rafael Nadal et Dominic Thiem seront à coup sûr présentés comme les trois monstres du tableau, à commencer bien sûr par le maître des lieux, j’ai nommé le taureau de Manacor. Mais depuis l’an dernier, son jardin a bien changé. L’imprévisible météo d’automne devrait le forcer à jouer la plupart de ses matchs en indoor, sur une surface plus rapide qu’affectionne tout particulièrement ses deux principaux rivaux, et notamment un Autrichien en pleine confiance après son premier sacre en majeur. Il semble en effet qu’il y ait eux, et les autres, pour prétendre soulever la Coupe des Mousquetaires, mais un outsider peut toujours venir jouer les troubles fêtes.

Dominic Thiem (à gauche), Rafael Nadal (au centre) et Novak Djokovic (à droite) seront les favoris du tableau masculin

Chez les femmes en revanche, le tableau sera beaucoup plus ouvert. Comme chaque année, bien malin qui pourrait affirmer aujourd’hui qui soulèvera le trophée Suzanne Lenglen, le 10 octobre prochain. Vainqueure à Rome et tête de série numéro 1 en l’absence d’Ashleigh Barty, Simona Halep a une carte à jouer pour tenter de rééditer sa performance de 2018. Kiki Bertens, toujours en embuscade est également une joueuse dont il faudra se méfier.  D’autre part, difficile de ne pas citer Victoria Azarenka, Serena Williams, Sofia Kenin ou Petra Kvitova, mais force est de constater que leur jeu s’adapte plus aux surfaces rapides.

favorites roland garros 2020

Ashleigh Barty (à gauche) et Simona Halep (à droite) ont été les deux dernières lauréates de Roland-Garros

Passons aux outsiders maintenant. Qui pourrait faire douter les cadors nommés précédemment ? En premier lieu, la « Next Gen » qui de plus en plus, s’impose parmi l’élite. On pense évidemment à Denis Shapovalov (21 ans), qui a passé un cap à Flushing Meadows en atteignant les quarts de finales, son compatriote Felix Auger-Aliassime (20 ans), Daniil Medvedev (24 ans), Alexander Zverev (23 ans), formidable finaliste de l’US Open ou encore Stéfanos Tsitsipas (22 ans). S’il ne fait pas partie de cette génération prometteuse, Stan Wawrinka aurait bien pu être cité parmi les favoris. Sa capacité à hausser son niveau de jeu dans les grands rendez-vous, et particulièrement à Roland est redoutée de tous.  Difficile aussi de ne pas penser au chouchou de Bernard Giudicelli, un certain Gaël Monfils, que l’on aimerait tant voir à nouveau dans le dernier carré. Lorsqu’il est en confiance, le Parisien peut réaliser des prouesses, et son élimination l’an dernier, en huitième de finale, face à Dominic Thiem lui est sans doute restée en travers de la gorge, lorsque l’on sait quel genre d’ambition il nourrit. Auteur d’un superbe tournoi à Rome et dans une forme physique royale, Diego Schwartzman sera également à suivre de près. Après tout, il est entré dans le cercle très fermé des tombeurs de Rafael Nadal sur la surface ocre.

Diego Schwartzman Rome 2020

Diego Schwartzman a réalisé un grand tournoi à Rome, en atteignant la finale

Chez les dames, Markéta Vondroušová, finaliste l’an passé aura à cœur de rééditer sa folle épopée. Tout comme les deux demi-finalistes, Johanna Konta, et Amanda Anisimova. L’attaquante Petra Martic  à elle aussi de quoi faire douter les cadors. Garbine Muguruza, Madison Keys ou Elise Mertens auront elles également leur mot à dire.

Et les Bleus dans tout ça ? Le rêve est toujours permis, mais peut-on réellement espérer entendre la Marseillaise retentir Porte d’Auteuil le 10 ou 11 octobre prochain ? Le doute nous ronge là aussi. On peut toutefois saluer la magnifique performance d’Ugo Humbert, vainqueur de Daniil Medvedev à Hambourg. A 22 ans, le natif de Metz n’a sans doute pas fini d’impressionner. Quoi qu’il en soit Corentin Moutet, Caroline Garcia, Kristina Mladenovic, Antoine Hoang, Fiona Ferro, Hugo Gaston, Harold Mayot et le reste du contingent français aura le soutien de tous les Français. Cette année, plus que jamais, tout semble possible. Même blessé par la Covid, Roland est magique…

 

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