Rencontre avec Emmanuel Coutris, référent Showdown à la Fédération Française Handisport. Il nous présente ce sport, qui apparenté au tennis de table est pratiqué par les personnes malvoyantes ou aveugles mais aussi des valides, et dont la pratique est encore méconnue en France.
Source: FFHandisport
Pouvez vous me présenter le Showdown en quelques mots ?
C’est un sport qui a été fondé à la fin des années 70, par des pongistes canadiens. Le but était de donner une activité similaire au ping-pong aux personnes privées de la vue. Ils se sont alors calqués sur le air hockey, sauf que ce n’est pas un palet mais une balle, un peu plus imposante qu’une balle de golf, une table à rebords et non plate, avec des buts. En terme de fonctionnement, cela se calque quelque peu sur le pingpong : Showdown se joue en 2 manches gagnantes de onze points, avec deux points d’écart.
En France, ce sport s’est d’abord implanté dans le milieu scolaire. Le premier club dont je suis à l’origine est né en 2002, inspiré par un détour aux Pays-Bas où ce sport est très répandu.
Y-a-t-il des règles adaptées aux personnes aveugles ou malvoyantes ?
La première règle, c’est qu’on a tous un masque adapté à la vue, que l’on soit aveugle, malvoyant ou voyant, car on invite aussi les voyants à jouer avec nous. Après tout se fait à l’oreille. Chaque but vaut deux points pour celui qui l’a marqué et une faute vaut un point pour l’adversaire.
Ce qui est important pour les joueurs, c’est de réussir à faire un parallèle avec ce que l’on entend de la balle quand elle roule et l’évaluation des distances via l’audition. Le deuxième repère est plus tactile. J’invite souvent les joueurs à faire le tour de la table, pour comprendre les longueurs et appréhender la manière dont la balle circule. Ce sport apporte un travail important sur l’audition, l’écoute et la concentration des joueurs.

Joueurs de showdown, Emmanuel Coutris en rouge.
Ce sport est il accessible pour les valides ?
Officiellement non, il n’existe pas pour les valides, même si officieusement, la fédération handisport nous suit sur le fait d’intégrer des personnes valides ou qui n’ont pas un handicap lié à la vue. Seule contrainte pour nous rejoindre, nous imposons le port du masque à tout le monde. J’essaie vraiment de pousser les voyants à pratiquer le Showdown. Et concernant l’arbitrage, c’est essentiel de voir, donc ce sont des personnes qui n’ont pas de déficience visuelle qui arbitrent… et avouent préférer jouer.
Existe-t-il des compétitions au niveau international ? Et à l’échelle nationale ?
Pour les Jeux Olympiques, il y a eu plusieurs fois des présentations. Pour l’instant, le showdown n’a pas encore été reconnu comme un sport paralympique mais c’est toujours en discussion. La fédération internationale des sports pour aveugle (IBSA) organise régulièrement des tournois continentaux, mondiaux et des « jeux mondiaux », en parallèle des jeux paralympiques pour les sports qui n’y participent pas. Il devrait y avoir une équipe de France dans les prochaines années, mais ce n’est pas encore mis en place.
Au niveau national, l’historique est plus compliqué. Entre 2002 et 2009 nous nous entrainions sous le titre de tennis de table, le showdown n’était pas encore reconnu comme un handisport. En 2009, le Showdown a été reconnu comme handisport mais seulement en tant que discipline loisir. En 2013, une union avait créé des tournois nationaux mais ils n’avaient pas d’aval national. Ce n’est véritablement que depuis 2 ans, que la handisport est plus favorable aux sports pour déficients visuels, elle m’a alors chargée de développer l’activité. Les championnats nationaux vont donc commencer cette saison, en septembre prochain.
Source: FFHandisport
Quelles sont les meilleures nations actuelles ?
La Finlande, les Pays-Bas et la Pologne sont les meilleures équipes européennes sur le circuit Showdown actuellement.
Quel moment a particulièrement marqué l’histoire du Showdown selon vous ?
Le tournoi de Bourges, qui a invité les grandes nations de ce sport, organisé en 2011 a été un événement marquant de l’histoire de ce sport. Sinon, l’Open que l’on a organisé en juin 2019, a réaffirmé la volonté de la fédération handisport de reprendre ce sport et de le redevelopper de manière plus pérenne.
Quels sont vos objectifs de développement ?
Nous souhaitons désormais mettre l’accent sur l’arbitrage, jusqu’ici négligé au profit de la formation des joueurs et de l’ouverture des clubs. Nous allons ainsi proposer plus de stage d’arbitrage. Ensuite, nous souhaitons proposer des stages pour rassembler les joueurs et ainsi développer les pratiques. Le volet international est également un point de développement important.
Comment trouver un club si l’on est intéressé pour jouer au showdown ?
Rendez-vous sur la page Facebook (https://www.facebook.com/ShowdownFranceHandisport) du showdown, nous accompagnons les personnes qui souhaitent trouver un club mais aussi ceux qui veulent en ouvrir un.